Paris, le vendredi 9 avril 2021 –
Plus d’un an après le début de la crise sanitaire, la Covid-19 laisse apparaître son lot de « victimes cachées ». Le rapport annuel publié par l’organisation non gouvernementale Amnesty International, publié le mercredi 7 avril, laisse apparaitre un terrible tableau de la situation des droits humains en 2020.
La pandémie de Covid-19 a notamment mis au jour « des décennies de politiques discriminatoires », lesquelles perpétuent « les inégalités, la discrimination et l’oppression ».
Des inégalités exacerbées
Touchées par la promiscuité et disposant de faibles accès aux soins, les populations marginalisées, et notamment les minorités ethniques, les femmes, les réfugiés et migrants ont été « affectées par la pandémie façon disproportionnée ».
Pour ces derniers, les décisions de fermeture des frontières ont conduit à des situations parfois tragiques.
Par exemple, l’Ouganda, le pays africain accueillant le plus grand nombre de personnes réfugiées (1,4 million recensées sur son territoire), a immédiatement fermé ses frontières au début de la pandémie, ne faisant pas d’exception pour les réfugiés ou demandeurs d’asile qui voulaient entrer dans le pays. En conséquence, plus de 10 000 personnes ont été bloquées à la frontière entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda.
Des services publics submergés
Si les grandes nations industrialisées ont pu mettre en place (au risque d’un endettement croissant) des politiques sociales afin d’assurer le maintien d’un certain niveau de vie de la population au plus fort de la crise, de nombreux travailleurs à travers le monde se sont retrouvés sans revenu et sans protection sociale.
Une situation de précarité qui a même touché les personnels soignants dans certains pays.
Au Nicaragua, au moins 16 professionnels de santé « ont été licenciés en l’espace de deux semaines après avoir fait état de leurs inquiétudes concernant le manque d’équipement de protection individuelle et la gestion de la pandémie par les pouvoirs publics ».
Accélérateur d’autoritarisme ?
Profitant sans doute du repli mondial, certains pays semblent avoir succombé à la tentation autoritaire.
Amnesty International dénonce notamment l’adoption par des gouvernements de lois réprimant pénalement les commentaires relatifs à la pandémie. L’ONG cite notamment le cas de la Hongrie où « Viktor Orbán a modifié le Code pénal du pays, qui prévoit désormais jusqu’à cinq ans d’emprisonnement en cas de « diffusion de fausses informations » au sujet du Covid-19 ».
Aux Philippines, le président Rodrigo Duterte a dit avoir ordonné à la police de « tirer pour tuer » les personnes qui protestent ou qui causent des « troubles » pendant le confinement.
Dans le Brésil du président Jair Bolsonaro, les violences policières se sont intensifiées pendant la pandémie. Au moins 3 181 personnes ont été tuées par la police dans tout le pays entre janvier et juin, soit en moyenne 17 par jour.
Une coopération absente
Les régimes autoritaires ont pu sans doute profiter du manque de coopération des états à l’échelle mondiale.
Rejoignant ici les critiques formulées par l’OMS, Amnesty International reproche explicitement à l’ancien président américain Donald Trump « d’avoir acheté la plupart des stocks de vaccins disponibles dans le monde ».
La crise sanitaire amplifie inégalités et discriminations
C.H. Journal International de Médecine