Jocelyn BELL
Après avoir terminé un bachelier en sciences à l’Université de Glasgow en 1965, Joceyn BELL poursuit un doctorat à l’Université de Cambridge.
C’est durant ce doctorat qu’elle fera la découverte la plus marquante de sa vie.
Avec son superviseur Antony Hewish, et d’autres étudiants-assistants, ils avaient la vocation de trouver plus de quasars.
Ces objets les plus lumineux de l’Univers hébergent en leur cœur des trous noirs supermassifs qui déchiquètent les étoiles qui passent à leur portée. A l’époque, on les connaissait encore très mal.
« Mon superviseur avait obtenu un financement pour construire un grand radiotélescope afin de trouver plus de quasars. Durant la construction, je me suis chargée des câbles, connecteurs et transformateurs », explique-t-elle dans son livre « The Sky Is For Everyone » (Princeton University Press, 2022). »
Après deux ans de construction, le télescope a fonctionné la première fois qu’il a été allumé. J’ai été sa première utilisatrice », se souvient-elle.
« En 1967, les ordinateurs étaient rares. L’Université de Cambridge n’en avait qu’un, avec une mémoire comparable à celle d’un ordinateur portable aujourd’hui.
Mes données sortaient sur des rouleaux de cartes papier. Mon travail était d’analyser ces cartes et de repérer les quasars scintillants. Au cours des 6 premiers mois, j’ai analysé 2 kilomètres de papier », explique-t-elle.
L’étudiante, qui avait à cœur de bien faire son travail et de justifier sa place à l’université, finit toutefois par repérer quelque chose que d’autres n’auraient sans doute pas vu : un signal étrange qui n’occupait que quelques millimètres sur quelques-unes des pages qu’elle analysait chaque jour.
Elle ne le savait pas encore, mais ce petit millimètre allait faire grand bruit dans le monde scientifique.
Un prix Nobel manqué
Après avoir prévenu son professeur – qui l’a laissée faire d’autres recherches afin de lui prouver que ce n’était pas un bug -, les deux sont arrivés à la conclusion que l’objet qu’ils étaient en train d’observer émettait des sortes de pulsations. Jocelyn Bell en a par la suite trouvé 3 autres qui avaient exactement les mêmes caractéristiques.
Ils ont donc décidé de publier la découverte dans plusieurs études.
Ils ne le savent pas encore, mais les deux scientifiques sont face à des pulsars.
Il s’agit d’une étoile à neutrons tournant très rapidement sur elle-même et émettant un fort rayonnement électromagnétique à intervalles réguliers en direction de son axe magnétique. D’un point de vue extérieur, cette étoile donne donc l’impression de « clignoter », d’où le nom « pulsar » en référence aux « pulsations ».
Jusqu’à aujourd’hui, les pulsars continuent d’intriguer les scientifiques qui tentent de comprendre les principes physiques derrière cette étoile.
« La presse s’est beaucoup intéressée à la découverte, et Tony et moi avons été interviewés à plusieurs reprises », explique Jocelyn Bell dans son livre.
Toutefois, le traitement fait à l’étudiante et son superviseur n’est pas le même.
« On posait des questions à Tony sur la signification astrophysique de cette découverte. A moi, on m’a demandé quelles étaient mes mesures de buste, de taille et de hanches et combien de petits amis j’avais ! Des photographes m’ont demandé de défaire d’autres boutons de chemisier. Je détestais ça et j’aurais aimé être très grossière avec ces journalistes et photographes, mais je n’avais pas encore obtenu mon doctorat. Et je ne voulais pas trop faire de vagues. »
En 1974, Antony Hewish remportera le prix Nobel de physique pour cette découverte. A ses côtés, un autre physicien, Martin Ryle récompensé pour d’autres recherches, mais aucune trace de Jocelyn Bell.
Malgré tout le travail qu’elle a effectué, l’étudiante n’a pas été associée à cette récompense.
Cela a suscité une polémique qui n’est toujours pas éteinte à l’heure actuelle.
Pour en savoir plus : La Libre Belgique