22 novembre 2024

Février 2016 – Barjac – suite mais pas fin…

Pas de violence – pas de heurts donc…  pas de couverture médiatique!

afp, le 28/02/2016 à 20h04

« No gazaran! », « Non au gaz de schiste! »: des milliers de manifestants ont réclamé dimanche à Barjac (Gard) dans une ambiance festive et bon enfant une « loi claire » interdisant toute exploration et exploitation des hydrocarbures non conventionnels.

Le défilé, organisé au lendemain de la forte mobilisation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, a rassemblé de 7.000 personnes, selon la préfecture, à 15.000 selon les organisateurs. Elles ont défilé dans les ruelles du petit bourg médiéval situé aux confins des Monts de l’Ardèche et des Cévennes, bastion de la résistance au gaz de schiste. En tête du cortège rassemblant toutes les générations et manifestant au rythme des percussions, de nombreux élus, essentiellement locaux, ont manifesté ceints de leur écharpe tricolore.Parmi les opposants, certains avaient fait de longs trajets pour prendre part à la mobilisation.

Au côté du slogan collectif « Non au gaz de schiste, ni ici, ni ailleurs, ni aujourd’hui, ni demain », et de ceux des organisations comme Attac, Greenpeace ou la Confédération paysanne, nombreux étaient ceux qui avaient préparé leurs propres banderoles et pancartes: « Total, n’inschistez pas! » ou « Si vous touchez à notre terre, nous vous déclarerons la guerre ».

« No gazaran! », ont-ils aussi scandé, adaptant le célèbre « No pasaran! » des Républicains espagnols pendant la guerre civile.

« La ministre de l’Écologie Ségolène Royal n’a cessé de nous faire des promesses non tenues, comme tous ses prédécesseurs. On en a assez, si le gouvernement socialiste veut légiférer, il faut qu’il le fasse tout de suite », avait auparavant réclamé Paul Reynard, l’un des porte-parole des collectifs anti-gaz de schiste, lors d’une conférence de presse.

A défaut, la mobilisation, non violente depuis le début, pourrait se transformer en « blocages ». « Nous sommes organisés, s’il faut en arriver là! », a menacé Sébastien Espagne, un autre porte-parole du mouvement.

« Sacrée déculottée »

En 2011, la loi Jacob a interdit la technique d’extraction par fracturation hydraulique, mais pas la « recherche ».

Or « les pétroliers et autres multinationales misent sur le long terme (…), espérant que le pouvoir politique changera et leur permettra d’exploiter des hydrocarbures au mépris des conséquences catastrophiques sur l’environnement et le réchauffement climatique », a assuré Jacqueline Balvet, porte-parole du collectif d’Anduze.

C’est la ré-attribution à Total fin janvier du permis de recherches de Montélimar par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val d’Oise) qui a relancé la mobilisation.

« Cette décision a vraiment mis en colère les gens. Ça a beaucoup élargi notre mouvement », a commenté M. Reynard.

Mme Royal a fait appel mais « ce n’est pas suffisant », a souligné Sébastien Espagne. »Il n’y aura plus de permis pour rechercher les gaz de schiste et le nouveau code minier, qui est en cours de réforme, intègrera cette interdiction », a encore assuré Mme Royal sur France 3 dimanche. « Cette disposition s’appliquera à tous les permis de recherche d’hydrocarbures en cours de validité et aux demandes de permis en cours d’instruction. Le projet de réforme du code minier sera présenté au Conseil d’État au cours du premier semestre 2016 », a ensuite ajouté dans un communiqué la ministre.

Pour les porte-parole du rassemblement de Barjac, la réforme du code minier est un « serpent de mer ». Les collectifs demandent notamment que les 133 demandes de permis en cours d’instruction en France soient rejetés et que ceux qui ont été accordés soient abrogés: « Nous demandons au gouvernement d’avoir le courage politique d’interdire clairement et totalement le gaz de schiste », a résumé M. Reynard.

« Nos gouvernants feraient bien d’écouter les mobilisations et protestations populaires, hier à Notre-Dame-des-Landes et au salon de l’agriculture ou aujourd’hui à Barjac », estimait dimanche Julien Saval, un agriculteur gardois trentenaire venu avec ses trois jeunes enfants: « Sinon, ils se préparent une sacrée déculottée dans 10 mois! ».

afp